Les émotions en milieu professionnel
Nos émotions, nos sentiments, nos ressentis ont un impact direct et important sur notre motivation, notre performance et notre engagement. Mais chuuuuut ! Faut pas le dire !!!
LES ÉMOTIONS
Caroline Morinière
4/5/20255 min temps de lecture


Pourtant c’est ce qui ressort d’une étude que je viens de réaliser sur les émotions en milieu professionnel à laquelle une centaine de personnes (que je remercie) ont répondu, majoritairement des femmes (73%) mais aussi beaucoup plus d’hommes qu’on ne pourrait le croire, issus d’entreprises de toutes tailles.
Les émotions, eh oui, c’est universel ! Qu’on soit à Lyon, Mexico, Shanghaï ou Pétaouchnock-les-bains, tous les êtres humains RESSENTENT les mêmes choses ! Pourquoi ? Parce que nos émotions sont tout simplement le baromètre de nos besoins satisfaits ou non satisfaits.
Bien que 50% des répondants pensent que toutes leurs émotions sont exprimables en milieu professionnel, ils sont aussi 67% à penser que leur organisation n’est pas vraiment à l’écoute, voire pas du tout !
Eh oui, bien souvent, dans les entreprises, il est difficile d’accueillir les émotions, surtout si elles sont désagréables. Il faut être rentable, aller vite, être concurrentiel ! Alors les états d’âmes des collaborateurs… on va les mettre un peu sous le tapis ! Surtout si l’entreprise y est un peu pour quelque chose ! Ou alors si, on va les écouter, mais on va pratiquer l’écoute sélective ! La joie, la bonne humeur, l’enthousiasme, toutes ces émotions agréables qui font du bien sont acceptables ! Mais surtout, il ne faut pas ressentir autre chose sous peine d’être catalogué : lui, il est trop faible, elle, elle est trop sensible, mais quel colérique celui-là ! Ce ne sont pas les étiquettes qui manquent !
L’entreprise, souvent, aimerait vivre dans un monde de bisounours où il n’y a que des salariés positifs, motivés, engagés et performants ! C’est ce qu’elle met souvent en avant dans ses valeurs : « Nous sommes une entreprise à l’écoute de ses collaborateurs ! Ils se sentent si bien chez nous ! » Oui, mais pourtant….
… parfois, Jean-Michel est en colère, il se sent démotivé parce que son manager vient de lui refuser ses congés pour la 3ème fois cette année.
Edouard, père fraîchement divorcé est inquiet. Il n’a pas dormi de la nuit car il a emmené son fils de 3 ans aux urgences. A priori une fausse alerte, mais il n’a pas l’esprit tranquille et il n’arrive pas à finir cette présentation pour son client stratégique.
Alice est anxieuse. Elle ne comprend rien à la nouvelle stratégie de l’entreprise. Il y a de nouvelles directives tous les 3 mois. Et elle ne trouve plus de sens dans ce qu’elle fait et se demande même si elle a toujours envie de travailler ici.
Que nos émotions soient liées à un événement déclencheur personnel ou professionnel, elles sont bel et bien là et nous avons tous besoin de les exprimer pour ne pas imploser ou exploser, c’est selon ! D’ailleurs c’est bien souvent par peur des débordements qu’on garde certaines émotions pour soi. On croit souvent que c’est pour rester « professionnel », parce qu’on considère que les émotions n’ont pas leur place dans le monde du travail, mais en réalité on a surtout peur du regard des autres et des conséquences potentielles sur notre carrière….
La grande majorité des répondants à l’enquête (76%) va s’épancher auprès d’un(e) collègue ! On cherche une personne de confiance quand quelque chose nous remue, surtout s’il s’agit d’une situation personnelle. Mais le risque, lorsqu’il s’agit d’un contexte professionnel compliqué, c’est de « contaminer » le ou la collègue avec sa propre frustration, sa colère, son anxiété, etc… Ce qui peut même finir par avoir un impact insidieux sur l’humeur générale de l’équipe, entraînant un climat de défiance générale…
Seulement 4% des répondants s’adressent aux Ressources Humaines quand ils ont besoin de libérer leurs émotions ! Ca pique un peu pour les services RH, souvent pleins de bonne volonté pour écouter et soutenir les salariés, mais qui sont plus souvent perçus comme les représentants de l’entreprise dont on peut facilement se plaindre, à défaut de pouvoir s’en prendre directement à la direction lorsqu’elle prend des décisions impopulaires.
Bonne surprise, il y a quand même 14% des répondants qui choisissent d’exprimer leurs émotions, quelles qu’elles soient, auprès de leur manager. C’est peu, mais cela signifie qu’il y a de la marge de progression pour que les managers soient plus à l’écoute des ressentis de leurs équipes ! A votre avis, sachant que les hommes sont plus souvent enclins à masquer leurs émotions, surtout en milieu professionnel, ces 14% de managers, seraient-ils majoritairement des femmes ?
Mais l’être humain est quand même formidable ! Parce que malgré tout, hommes et femmes confondus, sauf pour certains cas pathologiques totalement incurables, personne n’a fondamentalement envie de polluer la journée de ses collègues avec ses états d’âme. Chacun a généralement une conscience professionnelle suffisamment développée et bien souvent aussi suffisamment peur des conséquences sur sa carrière, pour réussir à masquer partiellement, voire totalement ses ressentis. 56% des répondants à l’enquête pensent même que leur état émotionnel a un impact très faible, voire nul sur leurs relations avec leurs clients internes ou externes ! Ce qui n’est pas le cas pour leurs relations avec leur hiérarchie et leurs collègues qui sont fortement impactées respectivement à hauteur de 61% et 70% !
Qu’on le veuille ou non, les émotions jouent un rôle fondamental dans le bien-être au travail : 91% des répondants reconnaissent que leur état émotionnel a un impact important, voire énorme sur leur motivation, 76% sur leur performance et 73% sur leur engagement dans l’entreprise. L’accueil des émotions au sein de leur organisation professionnelle représente même pour 80% d’entre eux un levier de reconnaissance et de valorisation.
Un salarié qui peut exprimer toutes les émotions qui l’animent dans son cadre professionnel sans répercussion sur sa carrière ou sa personne, a plus de chance d’être un salarié motivé, performant et engagé. Nous vivons une époque où tout va trop vite, où les relations se tendent partout dans le monde, et la souffrance au travail est de plus en plus présente. C’est un enjeu majeur que de repenser la place des émotions dans le monde du travail.
Alors comment mettre en place un cercle plus vertueux ? L’entreprise a son rôle à jouer pour proposer un environnement qui favorise l’expression des émotions dans un cadre sécurisant pour tous. Bien-sûr, il est aussi essentiel d’accompagner les managers pour qu’ils développent leurs compétences relationnelles et leur écoute. Mais avant tout, il revient à chacun d’entre-nous de prendre la responsabilité de ce qu’il ressent.
Et vous, vous en êtes où avec vos émotions ?
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Crédit photos : Léo Haton & Anna Bracco - @leohatonpro & @1nna.b.6840

